lundi 19 décembre 2011

Il faut un prétexte à la rencontre...

Les vénérables Druzes de ce fond de vallée arborent de magnifiques sarouels,… Me voilà donc en quête d'un tel accoutrement.
De village en village (oui, car c'est à bicyclette que j'erre cette fois !), je m'arrête d'échoppes misérables flanquées de 3 vêtements, en épiceries aux boites de conserves archaïques, ou tantôt alpaguant directement d'errants passants avec toujours ma question obstinée, qu'il faut de plus imaginer formulée dans un arabe plutôt lacunaire : "Où puis-je trouver ce fameux sarouel ?"

Hé, bien, jamais je n'ai trouvé ma réponse, ou plutôt, devrais-je dire, en ai-je tellement trouvé que je n'ai plus besoin de mon sarouel.
Tout de ce pantalon est devenu légende à mes yeux et il ne peut donc plus s'incarner en un vulgaire habit.
 
Ainsi, j'ai glané :
- Le plus souvent des sourires interloqués, des rires francs quoique certaines fois moqueurs.
- De récurrentes questions fort amusées "Mais pourquoi veux-tu acheter cela ?" qui semblait signifier "Tu n'es pas Druze, tu n'es pas vieux, qu'est-ce que tu veux faire avec ça ?"
- Souvent également des réponses alambiquées qui ne faisaient qu'accroître le mystère : "oh, ce sont certaines femmes qui les confectionnent, cela ne s'achète pas" … ou "là-bas, dans ce lointain village", "ce soir une camionnette de vêtements passera …", ou encore "mais cela coûte très très cher !"

Bref, le sarouel restera pour moi, un élixir dont les secrets sont indivulgables.

Tant pis, … toute légende n'est belle que parce qu'elle n'est pas incarnée ! 

[Liban, Vallée du Chouf, Maasser el Chouf, Juillet 2011] 

dimanche 18 décembre 2011

Ça m'agace !!!


A côté ça parle, devant ça discute, à l'opposé ça jacasse, …
Ah, forcement ça téléphone, 
 Ça flash et clique en tout genre…
Inévitablement ça clope !
V'la que ça se lève, s'en va, puis reviens...
Ça se recoiffe, se mire, se trémousse et glousse …
Ça grignote, ça sirote, ça dégluti …  

Qui est-ce ?

Le public libanais dans le temple de Baalbek pendant le concert du maestro Louis Hayes considéré comme l’un des grands batteurs de jazz de tous les temps !

[Liban, Baalbek, Juillet 2011] 

lundi 12 décembre 2011

Ces antédiluviennes Mercedes


Trônant à l'avant, l'homme à la cigarette :
Barbe taillée première mode syrienne,
Bras à la fenêtre dont l'élévation rituelle permet d'apostropher la moitié de passants de la ville pour les gratifier ensuite d'une litanie de salamalecs.
A ses côtés, la femme, encore enveloppée de l'époque noir et blanc, regard invariablement tourné vers l'avant, dodelinant de la tête au gré des creux et des bosses.
Banquette arrière flanquée d'une tripoté de mômes dans des positions post 7 sur l'échelle de Richter.
Au rétroviseur intérieur l'inévitable chapelet, métronome des mesures de la route, jouant forcement staccato !
Coran et boite à mouchoir tout en enluminures mi-or mi-rose ornant le tableau de bord au plastique abyssalement crevassé.
Enfin cuirasse d'un carrosse tout en camaïeu de mastics et métaphore des reliefs du monde.

Ainsi vont, par les rues du Proche-Orient, ces antédiluviennes Mercedes.

[Liban, Baalbek, Juillet 2011] 

dimanche 4 décembre 2011

Multiplions les possibilités en ne parquant point nos idées !


En plein centre de la chaussée, certes peu fréquentée, l'homme coupe le contact puis d'un pas tranquille part vaquer à ses occupations.
Immanquablement, un peu plus tard, voulant passer, un autre égosille son klaxon.
D'une démarche pas moins sereine que précédemment, notre premier protagoniste réapparaît, présente pour toute excuse un vague geste de main et déplace sa voiture.
L'autre passe…
Puis, sans complexe aucun, notre houligan du stationnement, plein de la même confiance vient replacer sa voiture à l'exact même endroit : soit toujours au beau milieu de la rue… et repart serein.
J'enrage déjà l'idée de devoir consommer mon café assommé de klaxons imminents.
Inévitablement, cinq minutes plus tard … un autre véhicule se présente.
"Oh non… !!!"
"Ah…?"
"?"
Comme c'est étrange l'individu semble accepter cette route obstruée…
Le voilà maintenant qui manœuvre. Mais quelle peut donc bien être son intention ?  
"Mais évidemment, hypothèse qui ne n'avais pas même effleurée, mais il a tout simplement pris en affection cette idée de rue parking"
Ainsi, il parque ainsi sa voiture juste derrière la première…
Il y a maintenant deux voitures stationnées à l'exact milieu de la chaussée …

Imaginant la symphonie en klaxon majeur à venir, je déglutis mon breuvage et décampe !

[Liban, Baalbek, Juillet 2011]