mercredi 7 décembre 2016

Au diapason de la rue


Les ruelles cairotes, autant de portées pour mes notes : 

Ici, la blanche, ne s’y trouve plus guère, mais son économie n’est pas sans conséquences,
La ronde, s’offre elle, le temps de quatre soupirs, un repas gorgé d’huile,
L'a(c)croche y est fréquente, pénible et pas toujours si rapide,
La noire, nubienne, c'est la note de beauté et l'étalon des temps qui sublime toute mesure. 

[Egypte - Caire - 2016] 

mardi 6 décembre 2016

Euréka !


Voilà tant de temps que je m'interroge sur l'usage pathologique du klaxon en Égypte,
C'est en apprenant comment travaillent les chalutiers pour repérer les bancs de poissons que l'illumination me saisit enfin !!!
Camions, voitures, et mobylettes utilisent tous sans exception le principe du SONAR* .

Ainsi, tout véhicule peut se lancer à toute bombe dans une ruelle en émettant de  très régulières (toutes les 2 secondes en moyenne) impulsions sonores (le fameux klaxon !!!), si aucun écho ne se fait entendre (chèvres, klaxons d'autrui, hurlements), notre bolide continuera sans sourciller. Si à l'inverse un obstacle potentiel produit un signal retour, notre chauffard ajustera sa trajectoire en fonction.
 
[Egypte - Le Caire - 2016] 
 

vendredi 25 novembre 2016

Le voile pour toutes les femmes


Fini les polémiques stériles et électoralistes sur l'Islam du déchu Prince Nicolas. 

Place au rigoriste version Fillon, qui fort de sa dévotion, ne manquera d'extraire de sa très Sainte Bible (vachement moins ringarde que le Code du Travail), quelques doucereux projets de lois. 
Dès lors chères amies, le voile sera désormais obligatoire pour toutes, fini l'exclusivité pour certaines privilégiées !  (Notons, qu'il ne s'est pas encore prononcé sur le Burkini !)  

En effet, voilà ce que dit l'apôtre Saint Paul* (que l'on qualifiera désormais de son nouveau titre : "expert en sociologie", car une réforme passe toujours quand elle est brandie par des technocrates) dans la première Épitre aux Corinthiens : "Je veux cependant que vous sachiez que le chef de tout homme c'est le Christ ; le chef de la femme, c'est l'homme ; le chef du Christ, c'est Dieu. Tout homme qui prie ou qui prophétise la tête couverte fait affront à son chef. Mais toute femme qui prie ou prophétie tête nue fait affront à son chef ; […] , L'homme, lui ne doit pas se voiler la tête : il est à l'image de la gloire de Dieu, mais la femme est la gloire de l'homme. Car ce n'est pas l'homme qui a été tiré de la femme mais la femme de l'homme, Et l'homme n'a pas été créé pour la femme, mais la femme pour l'homme "

 Vous avez dit "rigueur" ! Et bien vous ne saviez pas que cela s'étendait bien au-delà de l'économie !!! 


[France - Novembre 2016]

jeudi 27 octobre 2016

Egyptologie contemporaine


Les immeubles du Caire : tous différents et tous identiques,
Une sous-couche colorée puis délavée à grandes rasades de gaz d’échappement, puis embaumé d’un enduit beige-brun résidu de mixture du temps et de l’air ambiant.
Balcons de petites tailles, où s’entassent un amoncèlement de choses. "Choses" est généralement un terme à proscrire lors d’une description, mais il est le seul qui soit assez vaste pour envisager les infinis possibilités de ce rocambolesque foutoir.
Climatisation dé-goutants leurs reliquats de condensation dans la nuque du passant.
Rideaux ridés hideux et stores déployant leurs membres squelettiques pour tenter d’atténuer la férule solaire.
Imbroglio de fils électriques s’enlaçant dans une étreinte qu’aucun humain ne parviendra jamais à dénouer en faisant usage de sa raison.
Vivant pourtant :
D’une fenêtre, une main tantôt apparaissant, puis s’éclipsant, libérant sur le même rythme les volutes de fumée du vieillard consumant doucement sa cigarette et sa vie.
Bientôt dégringole un panier *, qui suite à un échange de cris stridents, se verra garni de telles ou telles provisions par le commerçant du rez-de-chaussée.
La touche de couleurs est à créditer aux étendoirs, où se déhanchent les fripes de toute la famille.

L’immeuble du Caire, est un fossile au cœur toujours vibrant. 

 ** Étude chromatique 

[Egypte - Le Caire - octobre 2016] 

mercredi 26 octobre 2016

Sal-Allah-malecs...


Radio prière dans les bus,
TV oraisons dans les café,
Hamdoulilah, Bismillah, InchAllah,… en ponctuation de toutes les phrases, 
Quintuple appels aux prosternations quotidiennes,
Autocollants au nom d’Allah sur chaque portière,
Mini-Coran, Maxi-Coran, Coran-de-rétroviseur,
Posters de la Mecque,
Saintes écritures en affiches,
Calendriers et horloges en pieuses arabesques,…

C’est toute la différence entre "La laïcité" française, et "l'Allah-cité" à l'égyptienne  
 
[Egypte - Le Caire - Octobre 2016]

Se tuer proprement


Il existe maintenant 3 options pour boire* sa chicha : elles diffèrent selon la manière de porter le tuyau à sa bouche afin d'aspirer la fumée. 
Ainsi, il existe : 
-          Les "fumez & partagez" : Pour la plèbe, chacun sirote le même embout,…
-          Les "fumez protégés" : Avec une cabote plastique à l’extrémité de l’embout,…
-     Les "fumez propres" :  (à Zamalek ou autres quartiers bourgeois) où tout le tuyau est en plastique interchangeable,… (sous peu ce seront les pharmacies qui en feront le commerce !!) 

* en dialecte égyptien : "aschrab" signifie aussi bien boire que fumer !
 
[Egypte - Le Caire - Octobre 2016]

lundi 24 octobre 2016

La terre est ronde, ronde comme un ballon...


Hier soir était un jour d’anthologie,
Le taxi filait sur un ruban d’asphalte vierge jusqu’au centre-ville. Pas un bouchon et angoisse suprême : le klaxon en devenait superflu !!!
Y aurait-il eu une catastrophe nucléaire dont je n’aurais été informé ??
Une fois arrivé, je n’avais point de monnaie, et plutôt que de profiter de cette providentielle affaire, mon chauffeur repart en trombe sans même disposer du prix de la course entièrement !!!
Le monde se délite autour de moi, plus aucun de mes repères ne fonctionne…
Y aurait-il eu un coup d’état ???

Et non !!! Tellement plus important qu’un gros "BOUM" industriel ou politique !! Hier, oh jour d’importance !, l’équipe de football de Zamalek (une des équipes du Caire) était en finale de la Ligue des champions d'Afrique contre l’Afrique du Sud… 

[Egypte, Caire, octobre 2016]

dimanche 23 octobre 2016

Second degré et/ou seconde chance...


Les chauffeurs de taxi sont pour la plupart de joyeux plaisantins, aussi parfois je m’égare à vouloir jouer dans leur arène.
Aujourd’hui, comme bien souvent il était question de mariage, et comme bien souvent, mon interlocuteur s’étonne que je ne sois point encore uni. Nous entrons alors des questions relatives aux âges et aux écarts d’âge entre les époux, toutes ces réflexions de bas étages  bordées de sourires et de moult stéréotypes bien rodés. Par raillerie grandissante, je lui indique « qu’il m’est égal de n’être point marié à mon grand âge, car lorsque je serai vieux, je me rendrai au Caire pour y prendre épouse !!! ».
Le ton de ma douteuse plaisanterie ne devait pas être limpide, d’autant que mon arabe reste approximatif, il me regarde alors interloqué, attendant quelques éclairages,…
C’est à cet exact moment, que m’apparaît une carence grave de vocabulaire dans mon lexique arabe, je n’ai pas la moindre idée de comment formuler le mot « blague »  !

La morale de cette histoire est « Que l’emploi de l’ironie nécessite connivence entre les interlocuteurs, et si cette dernière n’est pas assurée il est bon de prévoir une issue de sortie !!! »
 
[Egypte - Caire - Octobre 2016]

vendredi 21 octobre 2016

Nappé de piété


A l’heure de la prière clôturant de le grand prêche du vendredi, un fidèle empoigne la nappe du café, l’ajuste au sol, et accompli son devoir de croyant ! 

[Egypte, Caire, Esplanade de la mosquée Al-Hussein, octobre 2016]

Mondialisation


Etre pieux, mais fashion, 
Au Caire, les burquinis du souk sont de marque Adidas !

[Egypte, Caire, Octobre 2016]

dimanche 3 juillet 2016

Confessions d'un fumeur !


Non, je ne fume pas le narguilé afin de "déglutir produits de combustion" 
Mais
Je fume,
Parce que ces glougloutements vibrent au diapason des harmonies de la rue,
Pour occuper cette autre main qui ne noircit pas les pages mon fidèle carnet,
Pour ses volutes qui brouillent mon horizon d’éphémères arabesques,
Parce que ses effluves ennuient les mouches qui elles-mêmes m’ennuient.
Pour faire comme les grands,
Pour cette légère ivresse qui brouille les idées et titille l’inspiration,
Parce qu’il est le compagnon des rumeurs des rues qui vivent.
Bref, si je fume le narguilé c'est par plaisir ! 
 
[Palestine]

Palestine - Ce que tu m'as enseigné


Fouler les terres de Palestine,
Restaure toute la dimension du mot "liberté", en nous crachant au visage tous ses opposés. 
Sonne le rappel à ne pas plier l'échine, 
Dispense le courage de ne pas devenir fataliste.
L’excès de modération est un mal.
Ne devenons pas des peuples défaitistes, soit disant dépossédés des rênes de nos pays !
Ne nous vautrons pas dans la facile complaisance du : "Mais moi, que puis-je faire ?!" 
La rue est la page vierge où nous taillions le sillon de nos choix. 

[Palestine]

Vegan chicken !


Aujourd’hui une amie végétalienne refusait du poulet.
Son interlocuteur, alerte, a alors rétorqué que ce poulet n’avait oh combien jamais mangé de viande, nourri uniquement à la graine et qu’il avait toujours humé en plein-air. » 
Il a clos sa tirade par : « It’s a Vegetarian chicken !! » 

Je n’ai jamais compris s’il plaisantait ou non …

[Palestine] 

jeudi 23 juin 2016

Oh Palestine


Dans ce wadi je souhaitais ouïr le chant de la cascade,
Mais ce fut les vociférations vaniteuses des avions, seules, qui grondèrent.
Au sein cette campagne, je souhaitais quérir quelques ombrages sous les oliviers,
Mais ce fut l'étincelle incisive des barbelés qui m’aveugla.
Au cœur de cette ruelle, je souhaitais sentir vibrer les cafés bondés,
Mais ce fut la morsure froide de l'acier de la barrière qui me contraint.
Vers ces modestes villages, je souhaitais glaner légendes des anciens,
Mais ce fut la complainte des femmes en noir qui m'accueillit,

Je souhaitais contempler la Palestine,
Mais se fut l'œuvre qu'Israël y entreprenait qui partout s’imposa… 

[Palestine] 

Le maton qui se mord la queue


Ma terrasse surplombe la prison de Bethlehem.

Sous les grilles des prisonniers disputent une partie de ping-pong, que je ne peux décemment pas qualifier "d’endiablée" l’association des termes serait trop inquisitrice, disons plutôt "pleine de fougue" !

Sur le toit, les geôliers, un peu plus chaque minute, se ramollissent dans leurs chaises,
S’évaporent sous un soleil hilare,
Se répandent en flaques d’ennui,
Pourrissent de désœuvrement, …

Où, quand l'acte d'emprisonner devient détention mutuelle !!

[Palestine]

L'horizon des possibles


Ce soir la brume enlace de ses tendres bras Bethlehem,
Mon regard se noie dans ses filaments,
Au loin, toutes les colonies, le mur, les miradors s’effilochent, se vaporisent, s'évanouissent !
L’étreinte se fait plus forte encore,
Les dernières parcelles de discernement succombent à l'abstraction
Oh soirée de joie : La Palestine est libre !

[Palestine]

dimanche 22 mai 2016

Ces vigoureuses après-midi d'été


Regarder la rue, …
Abîme d’ennui,
Une après midi, cent après-midi,
Les yeux, qui ne distinguent rien, noyés dans le "juste devant",
Saluer, saluer encore… Ah ! serrer une main (c'est un notable) !
Être peu à peu happé par le tabouret,
Pétri de l’odeur du tabac,
Puis recommencer,
Regarder la rue, … , …
Hocher la tête, hisser une main,
S’engluer dans un excès de déjà revu,
Se confondre dans l’ambiance,  
Puis recommencer,
Regarder la rue, …, …, …
Soudain ! … Une vague de trois fois rien, déjà lissée par l’immuable pilon de la répétition,
Contempler son verre vide, comme une captivante animation de table,
Voilà mille ans qu’ils passent, … A moins que ce ne soit un rêve,
Puis recommencer,
Et enfin, regarder la rue, …, …, …, …

[Palestine] 

mardi 15 mars 2016

Les temps changent, les techniques évoluent !!!

En réalité, Facebook n’est que le moucharabieh (mixte !) du XXIe siècle !

"Crie et écoute" versus "Tais-toi et écoute"


Au Maroc, la pédagogie veut que l’on apprenne en hurlant,
En France, cette dernière, demande le silence,
M’étant imprégnié des deux mondes, je ne crois plus guère ni à l’un, ni à l’autre !
Ou pour être plus exact :  à leur mixité
Mais ça... !!! 

[Maroc - Février 2016]



Laisse la poussière dans l'oeil des voisins et évite la poutre dans le tien !



Au Maroc, comme dans tant de pays du Sud, il est de coutume d’humecter légèrement le sol : sur le palier de sa boutique et devant chez soi, afin que les poussières de rue ne se soulèvent point.
Fort de cette technique ancestralement éprouvée, et habité de l’adage : « Aux grands maux les grands remèdes », notre jeune ouvrier se démenait avec son misérable tuyau d’arrosage crevé sous le bras monstrueux de la pelle mécanique mettant à bas une maison.

Je crains qu’il ne faille sous peu user de grands remèdes, mais la poussière n’en sera plus le sujet !

[Maroc - Marrakech - Février 2016]

But ! BUt ! BUUUT ! ... Le tout en 2 secondes



La ruelle était étroite, au plus deux mètres devaient séparer les murs décrépis sur lesquels avaient été graffé en hâte deux buts de football.
Aussi, un attaquant appuyant bien sa frappe pouvait sans difficultés marquer au moins deux buts pour son compte et l’un contre son propre camp.

[Maroc - Marrakech - Février 2016]