mardi 30 septembre 2008

Il y a des jours ou je ne peux tenir ma langue


Ainsi, arrivant au check-point en vélo par la route qu’emprunte les automobiles.
Le soldat : « Shalom » (ça ce saurait si on était en paix, non ?)
Moi (réponse diplomatique minimum requis) : « Hello »
Le soldat : «What are you doing ? »
Peut-être mon interlocuteur souhaitait une réponse intelligible du style « I work for … » ou « I need to go to Jerusalem for … ». Moi, tendant alors la main vers le guidon de ma monture : « Some bike ! »
Le soldat : « Open your bag »
Je m’exécute. Le soldat, constatant la présence de mon casque et d’une pleine bouteille d’eau : « Now, i can believe you »
Moi, avec un petit sourire caustique en coin de lèvres : « If you need this for believe me … »

Oh, je suis tout à fait conscient que cela ne sert à rien, mais j’ai la faiblesse de penser que de répondre à ce système sordide par la bêtise, offre une sorte de miroir de l’aberration. Ils souhaitent flirter avec l’ineptie, offrons en leur à grandes rasades …

Et puis bon, ça soulage aussi !

lundi 29 septembre 2008

Si on apprend par l’erreur, je me sens devenir sage !

Quel ne fut pas mon bonheur en réalisant la cueillette des citrons verts de l’opulent jardin de l’école.
Bientôt, j’étalais mon trésor sur une table. Lorsque Mary (Palestinienne de son état) intervient et me demanda pourquoi je m’acharnais sur ces clémentines encore vertes !!!

Effectivement, je crois que la phase de découverte du pays n’est pas encore achevée …

dimanche 28 septembre 2008

l'illusion de croire que l'on sait

Bien que j’habite ici depuis plus d’un an, dès que je dévie un peu de mes habitudes, tout devient à nouveau un insondable questionnement. Aujourd’hui, dans ce qui pourrait être la rubrique "Ma ville, ma vie " mon errance avait ce thème : « Où peut-on bien acheter une ampoule électrique ? »

Finalement cette situation m’enchante, puisque je suis en éternelle découverte.

samedi 27 septembre 2008

Jérusalem heureuse







Hier, les musulmans fêtaient la « nuit de l'ascension » (Lailat al-Miraj), durant laquelle le prophète Mohammed entreprit un voyage de la terre vers le ciel.

Aussi, déambuler dans les rues de Jérusalem fut un réel plaisir. Toute la vieille ville n’était plus que bulle de paix et témoignage de bonne humeur. Après le chaos, du check-point le matin, j’ai pu m’enivrer d’abondantes rasades de sourires et consommer des cris joyeux.
Les décorations lumineuses dansaient au rythme du vent frais et les volutes de fumée des narguilés enfiévraient les ruelles. Au milieu de tout ce joyeux chaos la foule progressait comme un seul corps compact, bruyant et radieux.
Comme, il était agréable de redécouvrir cette veille ville animée cette fièvre heureuse, si caractéristique des grands souks arabes.

jeudi 25 septembre 2008

J’aime flâner place de la Nativité le soir

Ainsi, jeté sur mon banc, bercé par les fraîcheurs nocturnes, j’y observe mon petit monde :
Les touristes parqués dans leurs grands hôtels ont retrouvé leur occident chéri. Ainsi, dénués de la flopée d’accoutrements indécents et de la violence photographique, les lieux apparaissent plus authentiques. Mes yeux observent tantôt : quelques couples déambulant sans réel objectif, des hommes tout entier occupés à fumer, les arabesques de vapeur des cafetiers ambulants, les ombres coquines se jouant de leur mentor, et enfin ces gamins écumant le pavé de leurs insatiables jeux et imposant au calme crépusculaire des îlots sonores guillerets.

Quel délice …

mercredi 24 septembre 2008

Manuel de l’érotisme du Bled

Leçon n°1 : Effleurez lui le bras.
Leçon n°2 : Interceptez un regard.
Leçon n°3 : Surprenez une mèche de cheveux .
Leçon n°4 : Devinez une courbure abondamment dissimulée.
Leçon n°5 : Décelez un timide sourire.
Leçon n°6 : Osez lui demander votre chemin.
Leçon n°7 : Oyez une délicate chansonnette.

Puis laissez vous aller à imaginez d’autres mœurs …

mardi 23 septembre 2008

Pourquoi ?

Hier, 13 soldats israéliens ont été blessés dont 2 gravement.
L’indignation est générale et mérite de l’être …
Rien n’excuse un tel acte.

Jamais, cette haine si destructrice ne devrait s’exprimer. Il est de notre devoir à tous de la combattre au cœur de ses encrages.

Mais une bataille saine ne peut être menée qu’en en maîtrisant les tenants et les aboutissants.

La haine est le fruit de la rancœur, de l’injustice et du désespoir. L’examen minutieux du fertile terreau dans lequel cette dernière plonge ses abondantes racines est donc impératif.
Sans quoi il est tout simplement illusoire de prétendre vouloir l’éconduire.

dimanche 21 septembre 2008

Ajouter de la haine à la souffrance ...

Plus soutenu chaque matin,
plus pernicieux chaque jour,
plus perdu que jamais,

Israël continu d’emprunter un chemin qui ne mène nul part …

Ainsi, en ce troisième vendredi du mois saint du Ramadan, l’état d’Israël à une fois de plus fait preuve d’un total mépris du peuple avec lequel il nous fait croire qu’il souhaite se réconcilier.

jeudi 18 septembre 2008

Problème du jour


Enoncé :
Une enseignante belge et enseignant français assurent les cours dans une école francophone à huit enfants arabes et une suisse. Le lendemain, une enseignante palestinienne dispense quelques heures de cours d’arabe et pour cela les deux enseignants européens communiquent avec elle en anglais.

Question :
Comment aborder avec les enfants l’expression : « J’en perds mon latin. » ?

mardi 16 septembre 2008

Je divague ...

Cette après midi, vaquant à quelques flâneries littéraires, mon attention fut soudainement happée par ce qui me sembla être "LA SOLUTION" pour l’état, tant affligé, qu’est Israël. En effet, prenons quelques secondes pour nous apitoyer sur les incommensurables dépenses dont doit se saigner Israël pour : construire des murs, maintenir des villes sous couvre feu, détruire des maisons d’innocents, déraciner des oliviers, assassiner des mioches lanceurs de cailloux, développer son irascible régime d’occupation, … Faisons preuve d’un peu de compassion, tout de même ; pensons à tous ces capitaux investis à perte !
Et voilà donc, que paré de mon habit d’insignifiant anonyme, j’ose me permettre de te susurrer ces quelques mots au creux de l’oreille, ces quelques mots qui ont la prétention d’être le remède miracle à toutes tes ingrates dépenses.

« L’antidote au terrorisme n’est cette prétendue guerre à la terreur…
Non, non !
L’antidote au terrorisme c’est la justice
»
Hum, si seulement mon secret pouvait t’effleurer …

lundi 15 septembre 2008

C’est quoi ce charabia* ?


[* : De l'espagnol algarabía lui-même issu de l’arabe al arabīya (la langue arabe).]

Aujourd’hui après mon cours d’arabe je pouvais m’estimer heureux, j’étais sûr d’avoir appris. Voilà donc ce que ma souveraine logique largement nourrie d’élans de fainéantise a retenu :

« L’arabe littéraire est fort différent de l’arable parlé, l’un est nommé arabe classique et est utilisé dans le Coran alors que l’autre est dialectal.
L’arabe dialectal, se décline différemment en toutes régions du monde, se qui le rend singulièrement pluriel.
De plus, le jargon palestinien, est sensiblement différent selon qu’il est parlé par des bédouins, des gens des campagnes ou des milieux aisés.
Enfin, deux personnes usant de l’arabe dialectal (donc hors d’un temps de prière), d’un même pays, de même couches sociales pourront encore moquer l’abominable phrasé de leur interlocuteur, car la prononciation diffère d’un village à l’autre !
»

Dès lors, j’en conclu, certes un peu hâtivement, que je parle absolument parfaitement arabe et que si mes malheureux interlocuteurs ne saisissent pas le sens de mes mots, c’est qu’ils ne sont pas exactement mes homologues !

dimanche 14 septembre 2008

L'Iftar

Le jeûne du Ramadan s’étend du levé du soleil à son couché. Ce dernier impose au croyant (dans la mesure du possible : les enfants impubères, les malades, etc. en sont dispensés) de s’abstenir entre autre de manger, de boire et de fumer.

Mais, le Ramadan ne se limite pas à une action de jeûne, c’est aussi le mois des bienfaits, des actes d'obéissance et des bénédictions. L’hospitalité n’y dérogeant pas j’ai été invité à partager un de ces fameux repas.

Ainsi, après un dernier clin d’œil de l’astre solaire, l’iftar (nom du repas qui marque la rupture du jeûne) m’est apparu d’une abondance réjouissante.
Nous y sommes, le muezzin par son chant signale l’ouverture des festivités et bientôt nous voilà attablé à manger plus que de raison. Une fois rassasiés, la table débarrassée, nous regagnions les canapés pour de digestives discussions, mais une pleine assiettée de fruits vient encore nous surprendre. Nous l’honorons naturellement par politesse.
Plus tard, cherchant les fraîcheurs du soir, la terrasse nous accueille, mais loin d’être en reste cette dernière est prétexte au régal de nouvelles victuailles sucrées.
Enfin, le café sonnera la fin de cet éprouvant, mais non moins succulent, parcours gustatif.

vendredi 12 septembre 2008

J'ai vu ...

J’ai vu des enfants pleurer,
des femmes crier de colère et de détresse,
des vieillards se faire bousculer.

Et des soldats ricaner …

J’ai vu des enfants perdus,
des regards de mères atterrées,
des croyants dépités.

Et des jeeps faire hurler leurs sirènes …

J’ai vu des femmes couvertes de sueur qui ne rompront leur jeûne qu’au crépuscule,
Des mains tendues pour ne pas faillir,
des plus faibles ployés sous les mouvements de foule.

Et Israël jouir de son statut d’éternelle victime …


--> http://potinsdepalestine.blogspot.com/

jeudi 11 septembre 2008

Incroyable, comme on s’y fait …


La musique est omniprésente au Bled. Elle envahit tous les interstices sonores laissés libres entre deux klaxons et les réguliers appels à la prière. Elle nous surprend partout : les taxis la transforme en grésillements informes à force de pousser ampli et enceintes dans leurs moindres retranchements, elle accompagne nos achats jusqu’au sein des plus sombres boutiques, elle fait vibrer les virtuoses du dabka (danse traditionnelle palestinienne), appuie les performances vocales que de nombreux jeunes ou moins jeunes se plaisent à produire, …

Et bien aujourd’hui, rentrant chez moi, après une bien bruyante journée, je prépare mon rituel café, je me jette dans mon canap, mais au préalable … je prends soin de caler le volume de mes enceintes en mode palestinien et de faire hurler la belle voix d’une de ces sulfureuse chanteuse palestinienne …

Hummm … je me sens en voie d’intégration …

mercredi 10 septembre 2008

Préoccupé par les clameurs de Bethlehem

Oui, car dans le monde tous n'ont pas la chance de pouvoir jouir de la plus fondamentale des ressources, celle qui devrait être déclarée "bien de l'humanité", celle qui devra être partagée entre tous : L'EAU

lundi 8 septembre 2008

Blog buissonier ...

Aujourd’hui j’ai été à l’école, puis j’ai eu une réunion à propos de l’école, puis j’ai fait mes préparations de cours pour l’école …
Hamdoulilah (prononcé le premier "H" comme un « r » roulé), à 19 h, j’ai ouvert mes sens et immédiatement, il m’est apparu une chose avec une extraordinaire limpidité : « J’avais envie de tout sauf de me mettre devant un ordinateur pour raconter l’école … »

dimanche 7 septembre 2008

Passage au désert.








En direction de Jéricho descend un Wadi (cours d’eau temporaire le plus souvent à sec), nous nous y plongeons en ployant sous un soleil aveuglant. Ici toutes les collines semblent mortes, toute forme de végétation est prostrée, c’est le royaume des pierres brûlantes.
Notre immersion au cœur du brasier, nous amène bientôt vers la richesse la plus grande qui puisse exister en ces lieux inhospitaliers : une source. L’onde accouche immédiatement d’un abondant flot de vie. Ainsi, accrochés à ce mince ruban foisonnent palmiers, arbrisseaux, herbacés, bêtes et hommes. Tous s’y agglutinent dans une joyeuse mélopée.

Nous cheminons alors auprès cette fêlure verte, pour arriver au terme de notre première étape au monastère St George (tenu par des moines Grecs-Orthodoxes).
Le soleil ne tarde pas sombrer et c’est maintenant le rayonnement des pierres qui maintient le fond de l’air à de douces températures. Bientôt la voûte étoilée accueillera notre sommeil sous son spectacle mille fois répété de clignements, pétillements et scintillements. Certes, quelques chiens errants viendront troubler notre repos, mais n’étant guère téméraires, un jet de pierre suffira à les éloigner passagèrement.

Au matin, l’auteur de quelques mosaïques du monastère nous réveille avec un café que nous partageons en palabrant avec peine un arabo-anglais. S’en suit la visite du lieu saint, un véritable havre de paix recroquevillé au sein d’imposantes falaises taillées par la mer (aujourd’hui retirée bien plus bas) et le wadi. Après quelques breuvages rafraîchissants gracieusement offert par la communauté, nous reprenons nos déambulations pour nous échouer, écumant de sueur, à Jéricho. Cette ville, qui ne ressemble en rien aux autres citées palestiniennes, est entre autre connue pour être une des plus vieille citée au monde. Sa seconde particularité est d’être située 240 mètres en dessous du niveau de la mer.
Arasés par la chape solaire, nous abandonnons nos projets de baignade dans la mer morte pour rejoindre précocement Bethlehem.

vendredi 5 septembre 2008

Quelle horreur !


Ce matin, en ce premier vendredi de ramadan, après m’être rendu au check-point de Bethlehem :
j’ai constaté que les désordres n’étaient pas exactement semblable à ceux de l’année dernière,
j’ai constaté que les humiliations étaient plus finement orchestrées,
j’ai constaté que les soldats se montraient légèrement moins arrogants, …

Mais quelle horreur … Y a-t-il des degrés d’humiliation acceptables ?

Est-ce parce que l’année dernière nous frôlions le comble de l’ignominie, que cette année nous devrions mieux accepter ces traitements abjectes ? … NON … Tout ce qui se fait ici, aux yeux et à la face du monde, est contraire au droit international, contraire aux droits de l’homme, contraire à toute forme de morale, …

Ces hommes et femmes ne demandent qu’à jouir de leurs droits, ne demandent qu’à se rendre sur leur capitale revendiquée, ne demandent qu’à pratiquer leur liberté de culte, ne demandent qu’à exercer leur piété sur un de leurs lieux les plus saint, …

Personne ne devrait accepter ce qui se passe ici … c’est de notre devoir de citoyen du monde de s’indigner de la plus haute manière.

jeudi 4 septembre 2008

Si toutes les écoles du monde étaient ainsi ...

Arasé après un petit tour de bicyclette sous un soleil tranchant, je m’arrête quelques temps dans le jardin de l’école.
Quel instant délicieux ! Cette ombre si précieuse coule sur ma peau une fraîcheur exquise. Ma bouche entrouverte tente d’happer les quelques brises qui sèchent doucement ma peau tannée. Le figuier qui me fait face abonde de fruits, j’y grimpe pour assurer mon instable cueillette et bientôt cette opulente production sucrée me remet à flot.

C’est dans des instants comme celui ci que je me perds à imaginer la Palestine historique … terre d’olives et de figues, de paysans tranquilles, de villages de pierres taillés, d’hommes sages dont le repos n’est perturbé que par les rythmes réguliers des sabots des ânes …

Plus tard, mes paupières se relevant, lèveront aussi ce fragile voile doré : Cette Palestine était, …


mercredi 3 septembre 2008

Communiquer pour comprendre :

Aujourd’hui pour tenter de comprendre mieux le monde qui m’entoure j’ai bossé mon anglais :

Struggle : lutte
Casualties : victimes
Rubble : décombre
Earthmounds : butte de terre
Denials : Démenti (négation)
To spoil : gâcher, abimer
To hamper : Entraver
To denial : démenti
Suffering : souffrance
Curfew : couvre feu
Trench : tranchée
Harmful : nuisible


Hé bien, croyez moi je comprends nettement mieux le monde qui m’entoure …

mardi 2 septembre 2008

Décalage horaire…


D’habitude, j’écris le soir.
Mais voilà, le soir je suis désormais dans ma nouvelle demeure.
Ma nouvelle demeure n’est point reliée à la fameuse soupe numérique.
La fameuse soupe numérique ne peut donc digérer mes quelques propos le moment venu.
Le moment venu est, à fortiori, le lendemain à l’école.
L’école me permet donc d’acheminer mon écrit de la veille.
La veille est donc transmisse le lendemain.

J’en conclu donc que lors de mon déménagement, je ne me suis pas uniquement décalé de 2 km, je ne me suis pas même décalé d’un fuseau horaire.
Non j’ai déménagé du jour pour habiter au lendemain.

Il est des déménagements anodins, qui prennent de bien belles envergures