Les brumes de l’hiver enveloppent les scènes de vie rurale.
La buée couvre les vitres grasses du minibus.
Les courants d’air se jouent de la timide soufflerie.
Nous empruntons l’axe Naplouse – Jénine.
Deux villes de première importance.
Pourtant, la route reste un sauvage ruban irascible,
sans cesse défoncée, déroulant d’inlassables virages.
Blotti au fond du brouillard et de ma veste,
la douce sensation d’aller vers nul part me câline.
Mes yeux, glissent de scènes de rue en scènes de vie.
Toutes d’une beauté qui n’a d’égal que leur simplicité.
Bribes de mirages, …
Un vieil homme, portant un chou, se meut prudemment, dans un village cotonneux,
Un taxi échoué, au centre de rien, devient échoppe,
Transi par le froid, un gamin, s’enfonce au plus profond de ses poches trouées et de sa capuche délavée,
Un autre, dans l’espoir de briser quelques instants mélancoliques, tente d’atteindre une sonnette trop haute,
Une fille trébuche,
Un tracteur stagne impassible,
Un tapis de prière couvre, une chaise abandonnée par les hommes et par le temps,
Le cimetière mousseux, témoigne du cours immuable de la vie,
Un paysan englué entre ses bottes en caoutchouc et son keffieh, apparaît brièvement,
Un billard, un poulet, un vélo d’enfant, … sont tant d’insolites rencontres
Le bus file, …
La vie suit son cours,
Je la contemple, sans y participer,
Le bus file, …
Bientôt, je …
Enfin, …
Le bus file, …