mercredi 5 octobre 2011

Marche et crève


Je suis baigné de quiétude.
Le soleil décline, révélant les couleurs qu'il se plaisait à mater tantôt.
4 enfants garnissent leur trop de temps de jeux cocasses.
Mon regard benêt, repu d'une sérénité naïve se porte alors à l'horizon.
Et face à moi, se dresse la chaîne de montagnes de l'Anti-Liban*
Alors peu à peu mes sens se troublent,
J'ai trop entendu pour ne point y penser,
Lentement, je ressens leurs flancs opposés gonflés de sang.
Là-bas, mais si près, la sève d'un peuple s'épanche pour s'être épris de liberté.
Être vivants écartelés entre négation d'eux même ou trépas assuré dans l'envie d'être.

Assad, le mot arabe pour "lion",
Déchiqueter les humbles pour assurer son trône,
Bête se délectant de sang,
Oh combien est mérité ce titre de roi des fauves !

Tronches éclatées par les balles et par hasard
Molaires arrachées pour faire hurler, mais surtout fermer sa gueule
Milices de testostérone décapitant l'agora dans l'agonie

De révoltes en révolutions,
D’Alexandre à Bachar,
Tyrans et conquérants.
De flaques de haine en caniveaux de sang,
Un cri, une lame,
Un rêve mais tant de cauchemars.

Le peuple rêve …
Bachar aussi …

* Chaîne de montagnes correspondant plus ou moins à la frontière entre le Liban et la Syrie

[Liban, Juillet-août 2011] 

lundi 3 octobre 2011

Lié au mat de la langueur ... ce chant que j'entends mènera-t-il au naufrage ?


Acculé à la torpeur par l'étreinte étouffante de l'astre si fier,
Sans échappatoire possible,
Donc reclus au sein même de mon corps qui s'enlise et se tort,
L'esprit diminué, je me love alors lentement, mais irrémédiablement, dans une demi-léthargie exaltée par la lancinante rengaine de cette après-midi paysanne :

"… Ce claquement sec de l'amande verte qui éclate sous la dent,
Un lointain cliquetis d'une vaisselle tardive,
L'étincelle du briquet qui si régulièrement inaugure le rituel tabagique,
Quelques éclats de voix tantôt relayés, tantôt étouffés,
Le babil bêta du narguilé,
Puis, un gloussement d'une poule de passage, …"

Ainsi, est chantée la complainte de cette après-midi cramée au Proche-Orient.

[Liban, Barqa, Juillet-août 2011] 

dimanche 2 octobre 2011

Torpeur trompée ...


Allongé,
Figé dans un écrin de chaleur.
Pincé de perles de sueur.
Accablé d'un entier silence, témoin, s'il en fallait un, de la grande barbarie solaire achevant de mater à l'extérieur tout ce que le "bio" a enfanté.
Mirant, comme hypnotisé une danse légère et ennuyeuse d'un rideau lâché.
Réfugié dans l'ombre précieuse dispensée par d'épais murs, ça et là écartelés par quelques dagues solaires assaillants de maigres fenêtres.
Individu de cette espèce humaine tout entière calfeutrée dans son inéluctable sieste ;
mais qui toujours est perturbée par l'immuable et universellement agaçant ballet de vulgaires mouches.
Poitrine alors fébrile, se bombant si fréquemment qu'elle ne manque point de trahir un évident manque de sérénité.
Puis, absurde témoin de moi-même, se voir quémander puérilement quelques miséricordes à Hélios…

Aussi, plutôt que de quérir d'improbables sommeils, j'écris... j'écris cette sieste trompeuse et désormais trompée.

[Liban, Juillet-août 2011]