Dans le bus qui mène notre folle équipée vers la mer, l’ambiance est toute teintée de sourires et chargée d’une tension heureuse. Les yeux des enfants se promènent de curiosités en inquiétudes. Curiosités lorsqu’ils passeront devant l’aéroport ou lorsque pendant quelques secondes nous suivrons le train ; puis inquiétudes face à quelques soldats en armes, face à ces villes si dissemblables des camps de réfugiés dans lequels ils ont grandi.
Mais bientôt tous les regards ne mireront plus qu’une direction unique : L’est… Quelques pâtés de maisons dissimulent encore celle qui aujourd’hui leur est promise : La mer ! Ca y est, une clameur s’élève et résonne dans tout le bus, les mains s’entrechoquent, les youyous fusent, nous l’avons aperçu, là à 100 mètres à peine ! … C’est la toute première fois qu’ils s’y glissent alors qu’ils sont âgés d’une dizaine d’années et n’habitent qu’à une poignée de kilomètres de ses rivages.
Les premiers instants sont d’apprivoisement ; elle si belle se dresse en vagues d’écumes, eux si désireux mais craintifs face à cette immensité inconnue. Puis d’un pied, d’une main, ils s’y faufilent … se laissent combler par ses douceurs. Ca y est, ils rient, sautent, s’éclaboussent, se taquinent, se laissent rouler par les courants, …