"L'article ci-dessous est à mettre en parallèle des
photographies de l'article précédent : Maroc d'antan versus Maroc d'aujourd'hui"
Je prenais cette place pour l'antre de l'imposture, (Place Jemaa el-Fna– Marrakech – Maroc)
Une sorte de grand théâtre racoleur,
Tout y sonnait faux,
Et l'insistance pesante des troubadours s'y débattant
achevait de façonner cette image d'un carnaval grotesque aux seuls fins
pécuniaires.
Cependant, aux premières heures de la soirée, visiblement
non rassasié des scènes observées tout le jour durant, je prolongeais mes
errances grâce à l'ouvrage d'Amin Maalouf : "Léon l'Africain".
J'y découvris alors la description qu'il faisait de la
ville de Fès :
"Il y avait sur la place de nombreux bateleurs, qui
chantaient de sottes romances et vendraient aux gens crédules de petits papiers
contenant, disaient-ils, des formules magiques pour soigner toutes sortes de
maladies. Il y avait aussi des guérisseurs ambulants qui vantaient leurs
produits miracles et qui se gardaient bien de passer deux fois dans la même
ville. Il y avait également des montreurs de singes qui se plaisaient à
effrayer les femmes enceintes, ainsi que des charmeurs de serpents, qui
enroulaient leurs bêtes autour de leur cou. […]"
Cette lecture mit soudain à jour l’abime de mes ignorances ! Il n'y avait pas sur cette place de contractions
fondamentales entre mes observations directes (aguicheurs et fripouilles
harponnant l'homme de passage) et une authentique activité plusieurs fois
centenaires.
En effet, depuis bien des lustres les dresseurs de singes,
acrobates, musiciens,… enkikinent le passant pour lui ravir une piécette. Et ce
que je croyais être "le grand carnaval pour photographes crédules"
occupait déjà, des siècles plus tôt, les caravaniers venus des confins de monde
et faisant halte au cœur des cités marocaines.
Seule la forme et la méthode diffère, le folklore est
maintenant relayé par charters entiers sur Giga octets de clichés hâtifs, alors que
naguère il cheminait au gré des palabres des caravanes de passages.
La tradition se perpétue,… mais le monde change.
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