J’ai fait halte dans une ville
fantôme.
Les habituels flots humains se
sont tous fracassés sur un écran télévisé.
Les seuls mouvements perceptibles sont
les projections régulières de mégots franchissant les seuils des cafés.
Toute la ville est au diapason de
La Récitation*, pas celle d’Allah, moins populaire, celle du speaker.
En effet, ce soir
Béjà est en finale de la coupe de Tunisie de football contre Tunis.
Les chiens sont inquiets, ils ne
comprennent rien à ce soudain grand vide. Et quand la clameur du but éclate,
ils hurlent à la mort certain de l’avènement du jugement dernier.
Soudain, les vannes se rompent, 90
minutes de surtension se libèrent en une crue humaine ininterrompue,
accompagnée d’une marée dévastatrice de hurlements !
Ils ont gagné…
Et ma nuit ne m’offrira pas le repos attendu !
*Le Coran : en arabe : القُرْآن, al-Qurʾān, « la récitation »
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