lundi 25 décembre 2023

tempus fugit

J'ai toujours été fasciné par l’incommensurable capacité à absorber l'ennui.
D'ailleurs le terme n'est-il peut être pas adéquat car il revêt dans ma bouche une connotation péjorative, hors l'absence totale d'activité ne semble pas ici vécu comme une tare, elle serait au plus une fatalité dont on s'accommode sans grande peine.
Au café, sous un olivier, le séant posé sur une pierre en bord de route, dans un recoin de boutique,… des heures et des heures durant.
Le verbe "attendre" ne serait pas plus utilisé à bon escient, car d’avènements, ils savent depuis la fin de l’enfance, qu’il y en aura peu.
Certes, le téléphone a dilué l'intensité de l'inaction et les plus jeunes y sombrent sans ravissement, juste par un impératif d’évasion et absence d'autres prérogatives.
Certains anciens, échoués aux emplacements de choix, ont, eux, un réseau social qui s’agrège et se désagrège au fil des passages.
Mais nombre semblent simplement coquilles vides, aucun signe manifeste d’observation, point de parole, encore moins de geste.
Figés dans un congé d’initiative totale.

Contrôle au faciès ?

Souvent en terres étrangères je ne dispose guère des clés de compréhension pour accéder au sens des scènes dont je suis témoin. Je suis intrigué, mais aucune analyse crédible dans ma grille de connaissance, ne permet de déductions logiques. C’est cependant un des charmes du voyage que d’être confronter à l’inconnu, aux modes de pensée différents.

Ainsi, hier dans le train de banlieue (précisons que celles du nord, doivent être affublées du mot "chic" et non de l’image d’Épinal à la française), un shérif, sans aucune étoile, mais à la carrure de lutteur a vidé une dizaine de jeunes du wagon.

Simple et efficace : Quelques propos glaçants ou avec une tape dans la dos résonnant fort l’humiliation. Notre golgoth fureta ainsi 2 minutes dans le wagon à la recherche de ses victimes, sans jamais demander aucun titre de transport, puis dans un roulement d’épaules exaltant une complète satisfaction, mis fin à sa traque. 

 

Évidemment je n’ai point été victime de son inquisition. C’est injuste mais cette discrimination positive au faciès, opère aussi bien d’un coté que de l’autre de la Méditerranée.

Le code de conduite ... c'est quelle sourate ?

Aujourd’hui, notre Chauffeur de taxi s’exprimait à grand renfort de gestes, or aussi démonstratif que cela puisse être, j’ai une tendance marquée à préférer ceux qui ne joignent pas le geste  à la parole… Quant’à la route : Inch’Allah !

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Les seuls chauffeurs tunisiens qui ne sont pas rivés à leur téléphone, sont ceux qui ont déjà un café dans une main, une clope dans l’autre… Quant’à la route : Inch’Allah !

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En Tunisie, à chaque carrefour principal : la police ! On y passe sans ceinture, avec son téléphone, dans une carcasse bringuebalante, … tout cela est sans la moindre importance. Parfois, cependant, selon les lois du hasard, ils contrôlent nos papiers et c’est tout ! Quant’à la route : Inch’Allah !

Eternel perdant !

J’ai eu l’occasion par le passé, de décrire les trottoirs du Bled. La Tunisie ne fait pas exception à la règle.
Donc, comme d’accoutumé sous ces latitudes, je marche sur la chaussée. D’ailleurs, notre calme petit quartier résidentiel ne semble point proscrire cette pratique.
C’était sans compter que la nature à horreur du vide, la circulation anarchique ne si jouant point, l’ensemble de ses ruelles sont devenues l’aire d’apprentissage de toutes les écoles de conduite. Tous les aspirants au permis y font donc leurs premières armes.

Aussi, en toute objectivité, pour nous piétons, les risques sont identiques à la jungle routière habituelle !  

Ecole de la procrastination

Voyager est aussi savoir déconstruire des pratiques que nous jugions bonnes. 

Ainsi, en France il est de bon ton d’anticiper, de prévoir.

En Tunisie tout cela est tout bonnement contreproductif.

Nous avions ainsi essayé d’acheter à l’avance un ticket de bus pour l’Aïd, réserver un train, booker un bagage spécial pour l’avion… ce ne fut qu’échecs répétés. Nous nous sommes heurtés à l’impossible, à l’inconcevable même : « Pourquoi être aujourd’hui à la gare, alors que ce n’est point votre jour de départ ?! »

 

Le jour même, une heure avant, maintenant en voilà des pratiques efficientes, pertinentes ! 

 

dimanche 17 décembre 2023

Dj Muezzin aux platines !

Depuis toujours je me plaisais  à entretenir le doute, à défaut d’élément contradictoire avéré, je me berçais de l’illusion que muezzin n’était pas une corporation éteinte, et que cinq fois par jour un talentueux récitateur de sa plus belle voix rameutait les croyants vers leurs pieux devoirs.
Mais il m’a fallu me rendre à l’évidence.
Aujourd’hui l'appareil défectueux diffusant l’appel à la prière retentit à la manière d’un disque rayé :  "Allah ah ah ah ah … Ak aka ak ak … B, b, b arrrr"

… Et puis, finalement peut être n’était-ce qu’un hoquet staccato !

jeudi 14 décembre 2023

En bon dévot terre à terre

Les "pro-life", évangélistes et adorateurs de tous bords prient leurs Dieux "créateurs et protecteurs de toutes vies."

 

… et pendant ce temps-là : le plus massif écocide, l’extinction de masse du vivant la plus rapide de tous les temps est en cours !

 

Je ne suis point prêtre, pas moins imam, ni gourou mais j’ai la ferme conviction que plutôt que de se prosterner et de prêcher à grands renforts de cris, ils feraient bien mieux de ramasser les sachets plastiques, s’abstenir de balancer leurs mégots et se priver de la dernière collection de Vierge-Marie en plastique !

 

Ils seraient alors oh combien plus engagés envers la sacro-sainte protection de la vie !

mercredi 13 décembre 2023

Sachez* retrouver leur nom !

Il existe en Tunisie de petits animaux chamarrés,
Souvent tapis dans les branchages ou les buissons,
Leurs robes peuvent prendre toutes teintes,
Sveltes, légers, leur souplesse est en tous points remarquable,
Parfois, d’un bond ils s’élancent magnifiques et virevoltent,
Ils peuvent mener une existence solitaire, mais la plupart du temps ils se regroupent en colonies de milliers d’individus,
Aspect remarquable, ils s'adaptent aussi bien au milieu terrestre qu'aquatique,
En environnement marin, ils ondulent telles des méduses, mais se révèlent fort peu digestes à ceux qui entreprennent leur prédation.
Les hommes cohabitent parfaitement avec eux, d’ailleurs il existe une nette corrélation entre la densité humaine et l’accroissement de leur population.
Pourtant ils ont une longévité extraordinaire, près de 400 années !
En France, il fut un temps où ils pullulaient tant que l’état prit des mesures pour leur éradication, depuis ils n’ont pas disparu, mais se font plus rares.
En Tunisie l’état les laisse proliférer et tout le monde semble s’accommoder parfaitement de cette cohabitation. Ils sont absolument partout !

Leur nom m’échappe présentement, mais je pense que vous saurez sans mal retrouver son appellation ! 

* Indice


Au café

Là, dans ce café, craché au bout du monde, une vingtaine de jeunes de seize à vingt-cinq ans noient leur ennui.
Aucune décoration, des tables crasseuses dont la croute est composée d’un agrégat de cendres, de sucre et de café.
Pour fond sonore c’est Al Jazeera le matin, beIN Sports l’après-midi, enfin ici il n’y a pas assez d’argent pour l’abonnement, ce ne sera qu’Al Jazeera !
Dans un coin, 6 sont agglutinés autour d’un seul, celui qui de ces mains manipule la clé des mondes : Le smartphone !
Les autres, font trois pas, se retournent, s’assoient, se relèvent, puis recommencent… Mais bruyamment, c'est important d'occuper l'espace sonore aussi.
Certains se taquinent, lancent quelques blagues visiblement de mauvais goût et se gaussent d’un rire forcé.
Régulièrement plusieurs échangent des frappes, trop appuyées pour qu’elles restent du seul registre de la plaisanterie : lutte de mâles ?... A quoi bon, aucune femme ne viendra jamais roucouler devant se virilisme méprisable.   
L’ennui suinte de tous les pores,
Chaque jour, ils sombrent plus profond au cœur du trou noir, semblant ne jamais pouvoir s’en extraire, prisonniers d’un désœuvrement abyssal.

mercredi 8 novembre 2023

"Si, si je vous assure, c'est écrit"

On trouve en Tunisie dans presque toutes les villes et bourgades un "boulevard de l’environnement" et une "Avenue de la qualité de vie".

C’est un peu comme pour la "République DÉMOCRATIQUE du Congo" ou la "République DÉMOCRATIQUE populaire de Corée"*, 

Quand il devient nécessaire de l’écrire noir sur blanc, c’est que par l’observation il ne va pas de soi de le penser !!!

 

* Nom officiel pour la Corée du Nord