lundi 6 mai 2013

Tanger - Detroit de Gibraltar (2)


 Assis à côté de lui, je me perds dans ses yeux.

Son regard perce,
scrute la côte brumeuse que l’on distingue sans peine,
tente de lire l’indéchiffrable,
n’y décèle vraisemblablement rien dont il pourra se servir le jour de…
La veille, un coreligionnaire laisser échapper : « certains y restent »
Assurément, l’espoir est de toutes les forces dont la nature nous a pourvu la plus profonde, la plus endurante et la plus noble… mais « certains y restent ». L’oublier ? Impossible. L’ignorer : le plus possible.
Son regard perce, mais rien ne perce de ses états d’âme.
Angoisse ? excitation ? stratégie ?
Entre son rêve, incarné dans ce regard et son être pesant, il y a, en cette seconde, un abime. On ne saurait savoir combien est amère cette masse, et combien ce corps se vit comme un boulet.   
Sa pupille suit la course d’un goéland, la gorge est serrée.
Ravaler ses soupirs,…
un jour …

Son regard perce, mais infiniment plus puissant est le regard de ceux qui travaillent à mettre en lambeau son rêve.

Son regard perce, et si inch’Allah, les 14 km de cette lame impitoyable ne l’emporte, alors de l’autre côté, c’est lui qui sera percé de regards… mais ceci est déjà une autre histoire

[Maroc, Tanger & détroit de Gibraltar - Avril 2013] 
 

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