mercredi 8 mai 2013

Tanger - Detroit de Gibraltar (4)


Je vois des flots coquins danser maquillés d’une blanche écume,
Lui, voit une mâchoire pouvant briser rêve et vie.

Je vois une plage de sable où se prélasser oisif,
Lui, voit un embarcadère à partir duquel il faudra renoncer à tous appuis solides.

Je vois la côte espagnole,
Lui, voit aussi la côte espagnole.

Je vois 14 km d’un tendre bras de mer,
Lui, voit un océan.

Je vois un chapitre de mon livre d’histoire et le sujet d’une de mes épreuves de géographie,
Lui voit un chapitre de son histoire et une désolante épreuve dressée par la géographie.

En fait, je ne vois rien de particulier…
Lui voit l’enjeu d’une vie ! 

[Maroc, Tanger, détroit de Gibraltar - Avril 2013] 

3 commentaires:

Elisa a dit…

Une réalité magnifiquement poétique.... Merci Bad!! Bon trip encore à toi.... Bises!

Dayenne a dit…

Beau !

Anaële a dit…

Oui, beau texte, dans lequel je retrouve les émotions qui m'ont aussi traversée lors de cette rencontre, l'absurdité de toute cette situation.
Dieu est grand, il parait...
Mais il y a quelques jours, en Belgique, 28 Guinéens ont été déportés. Il y aurait un accord entre la Guinée et la Belgique. A chaque accord de déportation signé par la Guinée, cette dernière recevrait 3000 euros de la part de la Belgique. Il n'y a pas d'argent pour accueillir les réfugiés, mais il y en a pour les déporter...
Que dire à ce footballer qui attend à Tanger depuis 8 ans de gagner l'Europe?
Que dire à ces amis guinéens qui ont leur dernier rendez-vous au service des contentieux ce mois-ci, et savent que ça sent le roussi...?
Je suis en colère, c'est tout...