mardi 29 mars 2011

Beyrouth...

Au fil des taxis,
Et au gré des pluies, ...





[Liban, Beyrouth, Mars 2011] 

samedi 26 mars 2011

Selon les règles locales ...

Instant traditionnel, quand il n'est pas simplement sacré,
Me voilà maintenant initié à la préparation du mouton ! 







[Liban, Barqa, Mars 2011]

mardi 15 mars 2011

Le pays des Saints en boîte…

Sous un porche, à l’entrée d’un pont ou à l’exact milieu de rien de spécial on peut en trouver : des boîtes à Vierge, des boîtes à Saints.
Toutes riches de nuances et subtiles différences :
-          Boites éclairées,
-          Boîtes tout en buée,
-          Boîtes paquet cadeau à grand renfort de fioriture,
-          Boîtes à bougies, à icônes, à fleurs en plastique,
-          Boîtes à boîtes qui "déboîtent",
-          Boîtes bonne conscience avec quelques billets,
-          Boîtes perdues ou celles que l’on pensait ne jamais trouver,

Autant de Saints emboîtés, est-ce donc vraiment un indice de piété ?

[Liban, Mars 2011]

jeudi 10 mars 2011

Sur la corniche, tout le Liban s’y prélasse,

Jupettes et amples voiles,
Piétons aux ordres… des modes
Blondinettes chimiques,
Shorts et pectoraux agités en MP3,
Partouses de fumée aux origines variées : narguilés, mégots et prétentieux cigares,
Apprenti photographe et starlettes,
Pieuses barbes et liftings,
Caniches pelucheux et chevaux à roulettes,
Chastes et vastes pratiques de langues*,
Joggings et tailleurs,
Paparazzis du MMS dépendants,
Trop belles libanaises,
Crash de chips et moineaux boulimiques par nécessité, 
Regards inquisiteurs et narcisses flattés d’un rien et de tout … 

Cette liste pourrait, à chaque promenade, s’allonger d’autant,
Tant la régénérescence y est féconde.  
 
Ainsi sont les délices pluriels dispensés par Beyrouth et concentrés en un élixir étalon mais non moins improbable sur sa corniche.

(* Que l’on s’entende ! il s’agit bien là de l’arabe, de l’anglais et du français)

[Liban, Beyrouth, Mars 2011]

mardi 8 mars 2011

Hajj (é) ...

Il est frêle et âgé …
Pourtant, il se saisit de la hache,
Ajuste la bûche,
Le coup part,
L’incision est parfaite,
Il réarme,
La buche est plurielle.

Il est frêle et âgé …
Mais maintes fois il répète ce geste,
Pas une fois la hache ne trébuche,
Pas une fois elle ne caresse sa cible.

Il est frêle et âgé …
Mais, pour l’avoir un temps fréquenté, il sait maintenant ne pas embrasser la fatigue.
Sans empressement,
Mais sans apathie aucune,
Il accueille le labeur.

Il est frêle et âgé …
Mais tenace et précis.

Il est frêle et âgé…
Mais sait user de ses forces sans l’intempérance du novice,

Il jouit, lui, les enseignements que le temps lui a prodigués.

[Liban, Barqa (Plaine de la Bekaa), Mars 2011]

lundi 7 mars 2011

Il a mille ans,

Il a mille ans,
Ses rides sont les sillons où chantent les vents,
Ses yeux, les miroirs des existences,
Ses mains, la carte du monde,
Ses joues dévorées d’une barbe en champ d’oliviers, l’antre des contes et légendes.
Ses gestes, les stigmates de traditions à demi-sacrées,
Et ses silences, le socle des récits de sa chair,

Il a mille ans … et il a fallu mille ans pour qu’éclose si parfaite beauté.

[Liban, Barqa (Plaine de la Beeka), Mars 2011]

dimanche 6 mars 2011

« Du vin ? »

« Du vin ? »
« Je veux bien, merci. »
Ouuh !!! (Interjection que je tente au maximum de circonscrire mais qui certainement m’échappe dans un rebond incontrôlé de sourcils)
Pourtant je le sais, je le savais … Pourquoi est-ce que je continue à dire « oui » !
[Liban, Mars 2011, Barqua (Plaine de la Beeka)]

vendredi 4 mars 2011

Oh, mon Dieu !!

La table est dressée,
Le poêle crépite tendrement,
Le vent du soir titille les interstices béants,
Chacun se signe,
D’un murmure affecté trois convives accomplissent le bénédicité,
S’en suit le "Notre Père" en arabe ; l’usage de cette langue encore clandestine à mon oreille décuple le mysticisme du moment.
C’est alors que la matriarche m’invite à m’associer à la dévotion par un « Je vous salue Marie » en français.
Si jusqu’alors la solennité de l’instant m’avait enveloppée, à ces mots, mon sang ne fait qu’un tour ! La dernière fois que j’ai du psalmodier la prière remonte à une tendre enfance.
Une seconde d’un parfait silence s’installe, assurément on attend que je m’exécute (à la limite du sens propre du terme)
« Je vous salue Marie, … »
A cet exact moment, un convive, sans que je ne sache s’il avait perçu mon désarroi ou par plaisir de s’associer à cette prière dans la langue qui a bercée une grande part de sa scolarité, m’accompagne d’une voix sereine mais assurée.
Ainsi "béquillée", ma mémoire, comme par miracle (le terme étant certainement excessif vu le sujet) extirpe des profondeurs ces lointaines paroles et dissous mes appréhensions.
... Attablons-nous désormais, cette épreuve a redoublé mon appétit !
Et elle m’a rappelé combien en ces lieux, ou la foi est le support pour nourrir et affronter le quotidien, il est bon de ne point oublier ses racines judéo-chrétiennes !!!
[Liban, Barqa (Plaine de la Bekaa), Mars 2011]

Ayant fini de ne rien faire …

Ici, … souvent, … je paresse ; me prélasse dans cette éprouvante activité que d’ordinaire je ne pratique guère.
Mais ne sachant m’y oublier complètement : J’observe …
Mes lieux favoris restent les ports, car quelques labeurs trouvent toujours un homme à ravir à son oisiveté !
Cependant, bien des fois je remarque un autre semblant, comme moi, aussi affairé…
Lui, n’étant point l’étranger qui se délecte des curiosités, je me laisse croire qu’il attend un compère ou qu'apprentissage ou intérêt le retient temporairement.
Non point !
Car à un exact moment un peu plus tard, … l’homme ayant fini de ne rien faire, ... reprend sa route, contenté de cet instant dérobé.
Comme il faut être candide, ou trop occidentalisé, pour ne plus savoir que tout moment est naturellement propice au grignotage d’une tranche de temps en s’occupant à n’y rien faire !
[Liban, Tyr, Février 2011]

jeudi 3 mars 2011

"bonbon" des plus amer ...




Je suis assis seul, narguilé et thé distrayant l’attention que j’accorde aux bateaux qui se trémoussent dans le port.

Quand un Hajj m’invite à sa table, … 30 mots de français plus tard, la visite de ses connaissances en la matière est achevée. Nous continuons donc à éternuer quelques mots-phrases dans une mixture linguistique qui à jamais nous restera propre !
Mais, un sujet récurrent hante mon interlocuteur, toute les cinq minutes, ce dernier revient sur Israël et répète : "boom boum, bom boum" qui dans sa bouche toute enclopée sonnait plus comme "bonbon, bonbon", ce n’est qu’une fois les mimiques associées que je note la complète absence du côté "sweet" de la situation. Sur la table martelée par ses doigts, ce sont des bombes qui rasent des maisons, …
S’en suit une longue liste d’Etats gratifiés de "not good, not good" ayant collaborés à la fourniture d’armes ou soutenu Israël.
Oh, s’il savait combien j’étais en accord avec son douloureux courroux et combien j’avais pu mesurer dans les faits le "not good".
Cependant, il est interdit de se rendre au Liban en ayant séjourné en Israël (seule entrée possible pour se rendre en Palestine), aussi je me contentais d’acquiescer avec ferveur et de pleurer intérieurement ces doigts qui s’abattaient sur la table enterrant ces milliers de civils libanais...
[Liban, Tyr, Février 2011]