La table est dressée,
Le poêle crépite tendrement,
Le vent du soir titille les interstices béants,
D’un murmure affecté trois convives accomplissent le bénédicité,
S’en suit le "Notre Père" en arabe ; l’usage de cette langue encore clandestine à mon oreille décuple le mysticisme du moment.
Si jusqu’alors la solennité de l’instant m’avait enveloppée, à ces mots, mon sang ne fait qu’un tour ! La dernière fois que j’ai du psalmodier la prière remonte à une tendre enfance.
Une seconde d’un parfait silence s’installe, assurément on attend que je m’exécute (à la limite du sens propre du terme)
Ainsi "béquillée", ma mémoire, comme par miracle (le terme étant certainement excessif vu le sujet) extirpe des profondeurs ces lointaines paroles et dissous mes appréhensions.
[Liban, Barqa (Plaine de la Bekaa), Mars 2011]
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