vendredi 4 mars 2011

Oh, mon Dieu !!

La table est dressée,
Le poêle crépite tendrement,
Le vent du soir titille les interstices béants,
Chacun se signe,
D’un murmure affecté trois convives accomplissent le bénédicité,
S’en suit le "Notre Père" en arabe ; l’usage de cette langue encore clandestine à mon oreille décuple le mysticisme du moment.
C’est alors que la matriarche m’invite à m’associer à la dévotion par un « Je vous salue Marie » en français.
Si jusqu’alors la solennité de l’instant m’avait enveloppée, à ces mots, mon sang ne fait qu’un tour ! La dernière fois que j’ai du psalmodier la prière remonte à une tendre enfance.
Une seconde d’un parfait silence s’installe, assurément on attend que je m’exécute (à la limite du sens propre du terme)
« Je vous salue Marie, … »
A cet exact moment, un convive, sans que je ne sache s’il avait perçu mon désarroi ou par plaisir de s’associer à cette prière dans la langue qui a bercée une grande part de sa scolarité, m’accompagne d’une voix sereine mais assurée.
Ainsi "béquillée", ma mémoire, comme par miracle (le terme étant certainement excessif vu le sujet) extirpe des profondeurs ces lointaines paroles et dissous mes appréhensions.
... Attablons-nous désormais, cette épreuve a redoublé mon appétit !
Et elle m’a rappelé combien en ces lieux, ou la foi est le support pour nourrir et affronter le quotidien, il est bon de ne point oublier ses racines judéo-chrétiennes !!!
[Liban, Barqa (Plaine de la Bekaa), Mars 2011]

Aucun commentaire: