lundi 25 mars 2013

Je ne suis qu’un hochet défoncé qui demande grâce


Comment est-il possible que ces insolentes parois n’éclatent point sous le sac de ces souffles magistraux ?
Chaque cavité de mon corps – narines, oreilles, bouche entrouverte – devient instantanément l’hôte de tourbillons tempétueux, chuintant à nausée.
Complicité de cette caillasse corrompue, mettant en voix cette fureur.
Sur ces monts ce n’est pas l’astre qui anéanti, mais ces vents qui lapident toutes tentatives de verticalité, saccagent tous les angles saillants.
D’ailleurs, le soleil passerait presque pour faiblard car ayant recours à son complice le temps, le déchaînement des souffles se moque de la durée et rends immédiatement la surface du corps et ses aspérités accablantes. 
Aussi, tout juste soumis à sa férule, la tête est réduite à l’état d’une bouilloire chauffée à blanc.
Supplice incarné en cri strident : hante les oreilles, pourri les tempes, décapite les nerfs.
Soudain,  il feint de faiblir, les sens s’engouffrent dans cette brèche dans l’espoir d’y retrouver quelques repères, et… dans une formidable bourrasque, il jouit … nous démoli à en pleurer.
Dessèche le corps, comme les espoirs,
Je le hais, … et il hurle… me hurle qu’il s’en moque !
Même mes injures sont dévorées avant de pouvoir franchir le seuil de ma bouche.
Je ne suis qu’un hochet défoncé qui demande grâce, mais jamais, non jamais… grâce ne pourra être accordée par l’innocent. 
[Maroc - Entre Tafraout et Tata - mars 2013]

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